jeudi 19 décembre 2019

Poser des questions aux étudiants pour les rendre plus actifs


Le questionnement peut constituer une stratégie cognitive et métacognitive efficace lorsqu'il est bien utilisé. Il occupe une place de choix dans toutes les activités d'enseignement et d'apprentissage. Il permet même de rendre les étudiants actifs intellectuellement lorsqu'on enseigne à un grand groupe. Voici quelques indications qui permettent d'optimiser l'usage de la question.


Comment poser des questions?

  • Poser une question à la fois...on ne se rappelle que de la dernière de toute façon.
  • Attendre les réponses...ça prend souvent quelques secondes avant qu'un étudiant-e se lance.
  • Ne pas donner la réponse...alors pourquoi feraient-ils l'effort de répondre la prochaine fois?
  • Reformuler, relier...ils n'ont peut-être pas bien compris la question.
  • Ne pas pointer un étudiant...éviter lors des premiers cours de cibler un répondant. Aviser plutôt que vous attendez une réponse de la dernière rangée, par exemple.
  • Permettre la consultation...pourquoi ne pas inviter les étudiants à consulter le voisin de droite?
  • Recadrer l’erreur...ridiculiser un étudiant et vous n'aurez plus jamais de mains levées. Plutôt réorienter la réponse : ce n'est pas tout à fait ça, un autre étudiant a une réponse à cette question?

Pour mettre en action les étudiants

  • Planifier des questions aux 20 à 30 min. 
  • Proposer des activités variée.
  • Diversifier les regroupements (binôme, triade…).
  • Prévoir une durée précise...vous avez cinq minutes pour trouver une réponse.
  • Revenir toujours sur l’activité.

Quelques exemples de questions qui dépassent la restitution

  • Quelle est la théorie expliquant ce choix d’action, de réponse?
  • Donner un exemple.
  • Pouvez-vous élaborer sur ce point?
  • Quelqu’un est-il en désaccord avec ce point de vue?
  • Quelles sont vos raisons pour croire que vous avez raison, qu’il a raison?
  • Nous avons étudié plusieurs cas différents que pouvez-vous conclure?

lundi 9 décembre 2019

Enseigner en s'appuyant sur le paradigme constructiviste

Bonjour,

Je suis Louise Ménard professeure en pédagogie de l'enseignement supérieur à l'Université du Québec à Montréal. J'ai une longue expérience en formation et en recherche que je souhaite partager. C'est pour cette raison que je propose un blog dans lequel je publierai régulièrement des petits billets utiles à ceux qui s'intéressent à un enseignement plus centré sur l'apprentissage. 

Pour débuter, je parlerai de mon cadre de référence. On entend beaucoup parler de constructivisme. Les lectures qu'on en fait varient d'un auteur à l'autre. J'ai "pris position" en m'appuyant sur des auteurs qui ont bien argumenté leur lecture du concept. Mais, au fait, qui est à l'origine du constructivisme?


Qui est à l'origine du constructivisme?


Piaget est l’auteur du 20e siècle qui aura remis en question les idées traditionnelles sur la formation des connaissances chez l’individu. Il apparait comme étant la figure de proue de l’épistémologie constructiviste.Contrairement aux philosophes qui avaient tenté de répondre à la question : qu’est-ce que la connaissance ? Piaget aura choisi de se poser une question plus pratique : comment l’enfant en arrive-t-il à la connaissance ? Cette démarche, qui avait pour but d’expliquer le développement cognitif de l’enfant, mènera au constructivisme. 

Qu'est-ce que le constructivisme?

Le constructivisme est un paradigme épistémologique, car il constitue essentiellement un cadre de référence qui s’intéresse à décrire le processus de la formation de la connaissance comme une construction que la personne réalise activement. Il n’est pas un modèle, une stratégie ou une méthode pédagogique. Un livre ou un exercice ne peut être qualifié de constructiviste (Jonnaert, 2006). Il ne prescrit pas non plus aux enseignants la « bonne manière» d’enseigner. Toutefois, le fait d’envisager l’apprentissage sous un angle constructiviste suggère des balises aux enseignants sur les conditions pertinentes pour que leurs étudiants construisent réellement des connaissances et développent des compétences. 

D'après Glasersfeld (1994), le constructivisme s’articule autour d’un certain nombre d’éléments fondamentaux qu’il a décliné en cinq points. 

  1. C’est à partir de la réalité de notre expérience qu’émerge la connaissance qui permettra à l’individu de s’adapter. 
  2. L’expérience est toujours subjective, car elle est vécue à travers l’appareil sensorimoteur et les concepts construits par l’individu. 
  3. Les relations, théories et modèles que l’individu construit visent à rendre son environnement plus prévisible et ils sont maintenus tant qu’ils permettent d’organiser de façon viable sa lecture de la réalité. 
  4. Ces relations, modèles et théories sont les meilleurs à un moment donné, mais ils ne représentent toutefois que le champ d’un possible. 
  5. Le langage ne transmet pas les connaissances telles que son auteur les conçoit, car les significations que l’auteur (transmetteur) donne aux mots ne sont pas nécessairement les mêmes que celles que l’individu (récepteur) évoque dans sa tête. L’interprétation d’un discours ou d’un texte demeure donc toujours une expérience subjective. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas pertinent d’utiliser le langage dans l’enseignement, mais qu’il faut peut-être le concevoir comme un instrument « pour orienter l’effort constructif » des étudiants (Glasersfeld, 1994, p. 25).
Selon les tenants du paradigme constructiviste, la connaissance n’est donc pas une copie conforme de la réalité extérieure, elle ne constitue pas un album photo de ce qui est (Jonnaert et Vander Borght, 2009). Ils postulent plutôt que la connaissance est une construction personnelle qui se façonne à travers les connaissances antérieures que possède l’individu, ses buts d’apprentissage et les expériences qu’il vit en relation avec la nouvelle connaissance. C’est ainsi que l’individu intègre ses nouvelles connaissances à celles qu’il possède déjà et qu’il les restructure de manière plus ou moins importante. Cette construction se fait en relation avec les autres et avec le milieu environnant. En somme, la connaissance « . . . ne se trouve ni dans l’objet de connaissance, ni dans le sujet connaissant. Elle se développe dans leurs interactions » (Joannert, 2006, p. 4). Tout cela implique que l’étudiant soit actif intellectuellement en cours. Un défi pour celui ou celle qui enseigne à des grands groupes!

Références


Glasersfeld, E. von. (1994). Pourquoi le constructivisme doit-il être radical ?. Revue des sciences de l’éducation20(1), 21-27.
Jonnaert, P. (2006). Constructivisme, connaissances et savoirs. Transfert, Journal semestriel de la formation pédagogique des enseignants – stagiaires du secondaire, Université du Luxembourg, Faculté des lettres, des sciences humaines, des arts et des sciences de l’éducation, 3, 5-9.
Jonnaert, P. et Vander Borght, C. (2009). Créer des conditions d’apprentissage : un cadre de référence socioconstructiviste pour une formation didactique des enseignants (3e éd.). Bruxelles : De Boeck Université.
Ménard, L. et St-Pierre, L. (2014). Paradigmes et théories qui guident l’action, in Se former en pédagogie de l’enseignement supérieur (Chapitre 1), Ménard, L. et L. St-Pierre (Dir.). Montréal : Chenelière Éducation

Utiliser la carte sémantique / conceptuelle

L’utilisation de représentations prenant la forme de carte, réseau, schéma s’appuie sur la théorie par la découverte d’Ausubel (1968).   ...